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Hygiène : un mot qui n’est pas encore au dictionnaire en
ce XVIIIème siècle. Néanmoins, les règles de la toilette sont en évolution. La
surmortalité infantile commence à poser des problèmes démographiques et
nombreux sont ceux qui se chargent de porter la bonne parole. Les pratiques
doivent évoluer, l’allaitement, les soins doivent progresser. Il y va de
l’avenir de « l’humanité naissante » !
Le nourrisson n’est plus vu comme un être inférieur à
peine digne d’intérêt, mais comme un homme en devenir, en construction.
Rousseau est passé par là ! Tout naturellement, la presse régionale se charge
d’être didactique. En prêchant la bonne pratique à la citadine qui lit, elle
espère toucher la femme misérable du village qui l’écoute, changer les
pratiques des campagnes où persistent inexorablement les habitudes ancestrales
délétères. Ainsi en est-il de cette incroyable usage de la céruse à effet
dessicatif sur les irritations des nourrissons et des enfants. La céruse comme
pâte à langer de l’époque en quelque sorte.
Or la céruse, nous disent les Affiches, n’est rien
d’autre que du plomb et les effets de ce métal lourd sont d’autant mieux connus
qu’ils furent décrits dans la région deux siècles plus tôt, d’où l’appelation
éponyme des coliques qu’ils provoquent ! Diarrhées, crampes, vomissements,
troubles neurologiques, la sémiologie est vaste et grave chez les peintres et
les doreurs ! On imagine sans peine à
quel point l’application de ce produit put produire de dégats chez les petits à
peau si fragile !
Mais le XVIIIème siècle se méfie encore trop de l’eau,
bannie de la toilette depuis les épisodes de peste. En effet, on craint à
l’époque, la transmission des maladies
par les pores. Par conséquent, on nettoie en frottant avec un linge sec
et on bouche les pores avec la céruse ! Mais jamais on ne lave l’enfant avec de
l’eau, au mieux le fait-on quelquefois avec… du vin !
Emmaillotées, les petites mains de l’humanité naissante
ne s’accrochent pas encore au sein de leurs mères, encaustiqués, saucissonnés,
bras et jambes entravées par les langes, crânes déformés par les bandages,
espérons que l’humanité naissante n’attende pas longtemps encore que la lecture
du quotidien préféré de la fermière atteigne enfin le foyer où ils tentent
miraculeusement de grandir dans une nature si hostile !