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Elections, bâtons et cornemuse à Usson !
Le premier Germinal de l’an VI, on vote à Usson !
L’assemblée primaire, formée des citoyens
« actifs » du canton, va élire parmi ses membres, ceux qui renouvelleront
un tiers du corps législatif composé du
Conseil des Cinq-Cents et de celui des Anciens.
La campagne électorale fait rage dans notre petit coin du
Poitou. An VI, 1798, Directoire, Ière République. Les émigrés sont revenus, le
droit de vote modifié en 1795 est restreint à 30 000 propriétaires, on
essaie d’oublier la Terreur et les Tribunaux révolutionnaires ont rendu l’âme. Pendant
que Bonaparte bataille et gravit les échelons, la Première République ne sait
pas encore qu’elle va faire place au Consulat.
A Usson, dans les jours qui précèdent le scrutin, des
réunions discrètes, des diners s’organisent. On dirait que ça complote chez
Vallée l’aubergiste ! Ce jour-là parait-il, on y a vu Hubert, Imbault et
Largeau réunis avec une trentaine de personnes, la veille du vote ! On a
entendu l’un d’eux s’enflammer bien
avant le dessert, et réclamer «
que ceux qui n’ont pas de culotte sortent ! » On a bien compris que
le groupe avait pour projet d’envoyer Vallée le Jeune, Largeau et Gorin en
grands électeurs. Ces trois-là, et aucun autre !
A-t-on soudoyé les électeurs ? Il semble qu’on ait vu
quelques billets circuler sous les tables…
Le premier Germinal, tous les chemins du canton mènent à
Usson. On va voter à pied, et la route est longue. En guise de profession de
foi, plus efficace que les mots, les militants offrent un p’tit verre d’eau de
vie… Puis un autre, un peu plus loin. A l’assemblée primaire, tout le monde
arrive en titubant. Directoriaux, jacobins,
royalistes autant que « douteux », mais on ne sait plus très bien qui
penche à droite et qui à gauche !
Cependant certains ont remarqué ce groupe d’une
trentaine de personnes, venant de St Secondin, avec à leur tête notre trio. Tous
diront qu’ils sont entrés en masse, un bâton sur l’épaule et une cornemuse en
tête de cortège. Qui a bousculé
Rouil ? Qui lui a dit « Je ne veux pas que tu votes ni même que tu
parles ! ». Lui prétend que c’est Imbault et sa bande ! Qu’ils
l’ont empêché de voter, chassé de l’assemblée et qu’ils ont acheté le suffrage
des autres !
Rouil le sans-culotte craint pour ses arrières et dépose
plainte. On admet bien des dérapages, le paiement de quelques écots, des
réunions un peu houleuses, des élections un peu arrosées. Mais franchement, il
n’y a pas de quoi en faire une affaire d’état. Thibaudeau, le président du
Tribunal Criminel, acquitte notre trio. La loi du 22 Floréal de l’an VI est
passée par là, invalidant les législatives, mais à Usson, le compte est
bon !
Source AD 86 – Série LSUPPL 404.
Illustration Wikipédia : La Salle des Cinq-Cents à St
Cloud, par J. Sablet